• J'ai eu une enfance magnifique. Une belle famille, des parents présents, attentifs, aimants et un cadre de vie idéal pour un garçon. En effet, nous habitions en périphérie de Nancy, à Villers, dans un petit lotissement qui représentait alors les limites de l'urbanisation, c'est à dire que nous avions autour de nous, des terrains vagues, des mares, des arbres. Les ruelles et placettes internes du lotissement étaient libres de voitures et servaient de salles de jeu pour nos parties de billes, de ballon ou de vélo sans oublier les batailles de boules de neige en hiver. Aujourd'hui, malheureusement l'environnement est bien différent.

    Mon père a progressivement transformé la petite parcelle de terrain qui entourait notre maison sur 3 côtés en un joli jardinet avec une partie où il cultivait quelques légumes et des fraisiers. Il faut croire que les fraisiers aimaient particulièrement le climat lorrain de l'époque parce que la production était devenue impressionnante. Comme vous le savez par contre la période de récolte s'étale sur plusieurs semaines, la terre est basse, et les fraisiers ont des feuilles. Bref la cueillette journalière devenait vite une corvée et je me souviens confusément que je ne comprenais pas bien l'intérêt de cette partie du jardin qu'il fallait respecter (ne pas y marcher), entretenir sans arrêt et qui vous causait une fatigue incroyable pour un résultat final qui prenait la forme de semaines ininterrompues de haricots verts à tous les repas ou en l'occurrence de fraises comme dessert obligatoire.

    En grandissant et en déménageant vers la Bretagne, j'ajouterai à cette distance envers le jardinage, la tonte de la pelouse et la cueillette d'autres fruits.

    Et bien, pourtant aujourd'hui j'aime, que dis-je j'ai besoin de ce travail au jardin. J'adore, je ressens presque physiquement la satisfaction, le plaisir de voir reprendre la végétation, de voir se réveiller les arbres endormis pour l'hiver, de voir les fleurs des fruitiers devenir des promesses de fruits. Je ressens une paix intérieure à contempler le jardin soigné, tondu qui s'offre à la vue depuis notre véranda.

    Et cette année pour la première fois, j'ai des fraises. C'est donc hier en fin d'après-midi, accroupi devant mon fraisier (un pied unique mais très productif), traquant la fraise rouge pas trop mangée par la concurrence animale que ce souvenir d'enfance m'est revenu. J'ai enfin compris la satisfaction qu'au delà de la fatigue, mon père pouvait ressentir, en récoltant et en mangeant la production de son propre lopin de terre, le résultat de ses efforts et de ses soins.

    Mon Papa est toujours dans mon cœur, particulièrement lorsque je reviens sur les lieux qu'il a tellement aimés et qu'ils nous a fait, ma mère et mes frères et sœurs, aimés à notre tour. Mais il y a aussi ces flashes qui s'imposent à la conscience à partir d'une sensation particulière. En cueillant ces quelques fraises et plus tard en les savourant, je me suis retrouvé petit garçon rechignant à aider mon Papa plié en deux pour achever sa récolte du jour.

    Ces fraises sont ma madeleine à moi!

     

     

     


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  • Je suis un des 120000 privilégiés qui ont obtenu un ticket pour assister à la reconstitution de la bataille de Waterloo à l'occasion de son bicentenaire.

    Privilégié? je me le demande vraiment tant je suis sorti, déçu et même avec le sentiment de m'être fait avoir. Et à entendre les spectateurs qui partageaient ma Tribune et à voir le nombre de ceux qui ont quitté avant la fin, je ne suis pas le seul à être déçu!

    Le billet valait 58 euros, les meilleures places à part les VIP. Mais de la Tribune O, celle qui m'avait été attribuée, on ne pouvait voir qu'une partie réduite du champ de bataille, à cause du relief du terrain. Un peu comme si vous preniez une loge pour une finale de la Champions' League et que vous ne voyiez qu'un but!

    Waterloo, très très morne plaine!

    Mais ce n'est pas tout, cette reconstitution annoncée comme la plus grande jamais réalisée en Europe avec un peu moins de 6000 figurants (pour près de 200 000 combattants en 1815) n'a jamais su créer d'atmosphère. Carmina Burana pour commencer (quel rapport?), un peu de cornemuse pour souligner l'arrivée des Anglais, un commentateur en français complètement à côté de l'évènement et la répétition partielle (et apparemment différente) des commentaires en anglais et en flamand (Belgique oblige) qui cassait complètement le peu de rythme de l'ensemble.

    Les mouvements "connus" des troupes, la suite des évènements, les charges folles se traduisaient confusément par des déplacements de quelques figurants dont personne ne savaient à quel corps ils appartenaient.

    300 pauvres cavaliers peinaient à représenter les charges désespérées des 10000 cavaliers de Ney, les charges anglaises sont passées inaperçues ainsi que l'arrivée des Prussiens et finalement l'attaque de la Garde. Bof! Un bien piètre résultat pour un évènement annoncé avec autant d'emphase!

    Je ne peux pas terminer cette réaction sans évoquer un passage du commentateur français parlant de Wellington. Wellington aurait, d'après lui, battu tous les Maréchaux de l'Empire en Espagne.

    Selon mes informations (!), les Maréchaux se sont largement battus tous seuls, ce qui n'a pas empêché Masséna de rejeter pratiquement Wellington dans ses bateaux et Soult de le battre à plusieurs reprises. Les Anglais montrant à plusieurs reprises que la notion d'alliance (les Espagnols et les Portugais) ne valait pas grand chose à leurs yeux quand le sort de l'armée britannique est en jeu! (du Dunkerque avant la lettre).

    Ce n'est finalement que lorsque Napoléon a dégarni largement les troupes présentes en Espagne (pour la campagne de Russie et surtout pour les campagnes de 1814) que Wellington, disposant de forces alors largement supérieures en nombre, a réussi à rejeter Soult en France et à l'obliger à retraiter.

    Pour en revenir à Waterloo 2015, cette soirée restera un raté complet pour moi que je regretterai d'autant plus que j'attendais depuis longtemps d'y assister. 

    Je n'espérais pas voir les Français gagner (quoique...) mais je continue à penser que cette bataille, pas sa signification, par sa férocité, par ses conséquences valait mieux qu'une célébration au rabais. Finalement M. Hollande a bien fait de ne pas venir. Il y a en France de nombreux "son et lumière", moins ambitieux, qui vous entrainent davantage dans l'émotion que ce spectacle qui n'a jamais réussi à trouver sa véritable dimension!

     

     


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  • Je m'étais promis de ne plus réagir à chaud et j'ai tenu... un certain temps mais le billet de notre ami Michel Hallet dans le "petit journal" de la Librairie des Inconnus du 11 juin me pousse à sortir de ma retraite et de ma retenue!


    Qu'on ne soit pas emballé par la classe politique actuelle et qu'on ait bien du mal à trouver qui est à même de représenter correctement (honnêtement) ses propres idées ou même l'idée que l'on se fait de l'intérêt général du pays est une chose, que pour autant on soit fier de ne pas voter me paraît par contre une toute autre affaire.

    Rappelons nous que le droit de vote pour tous n'est pas si vieux. Pendant des siècles, la naissance ou le droit divin du Roi servait de Loi, pendant des dizaines d'années ensuite, la République s'est accommodée d'un système censitaire (seuls les riches votaient) et donc ce n'est guère que depuis un peu plus de cent ans que nous sommes régulièrement appelés à exprimer nos choix de représentants.
    Car finalement c'est bien de cela qu'il s'agit. Voter ou ne pas voter, c'est essayer de se faire représenter ou y renoncer.

    On peut légitimement ne pas être content de la première option, la seconde me paraît pire encore! Premièrement on confie à d'autres les clés des responsabilités, locales et nationales et surtout on permet que des "majorités" minoritaires voire très minoritaires accèdent au pouvoir et mettent en œuvre des programmes nauséabonds.

    Quand le FN gagne quelque part avec 35% des voix (triangulaire par exemple), ce ne sont au final que 35% des 50% qui ont voté! Joli résultat dont on peut vraiment être fier!

    Je ne reprends pas l'argument selon lequel, le droit de vote est une particularité de nos démocraties occidentales et que beaucoup de pays et de citoyens en rêvent dans le monde.

    Je trouve simplement qu'en 2 jours, s'étonner, comme il l'a fait, que notre jeunesse ait sacrifié le fond à la forme et à l'apparence et le lendemain revendiquer son refus de voter, me paraît totalement incohérent!

    Il est vrai que comme disait Coluche "Si les élections servaient vraiment, ça fait bien longtemps qu'ils les auraient supprimées!" En l'occurrence elles sont toujours là et comme dit de son côté, Guy Bedos "la Liberté ne s'use que si on ne s'en sert pas!"

    Pour ma part, je ne vote pas toujours pour quelqu'un ou pour des idées mais de plus en plus souvent contre, bien entendu contre les fachos, jongleurs des haines et des peurs, toujours prompts à manipuler les esprits simples, étroits et sans mémoire! Mon bulletin de vote sera toujours en travers de leur route, du moins tant que nous aurons réussir à conserver le droit de voter!


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  • Comment a t-on pu conseiller à M. Hollande de s'infliger et à travers lui, à notre pays, un tel camouflet diplomatique et médiatique.

    Bien entendu les Anglais ricanent, eux qui considèrent notre presque victoire de Waterloo comme la leur, alors que tout le monde sait, enfin en France, que Napoléon allait les battre quand les Prussiens nous ont lâchement agressés par surprise.

    On pourrait voir et célébrer (enfin pas en France) cette bataille comme le passage d'une époque à une autre. L'épopée sanglante de l'Empire terminée une bonne fois pour toutes, les Anglais en face de nos fusils pour la dernière fois, les cosaques qui rentrent chez eux...tout cela ne se serait pas passé si Napoléon, une fois de plus avait donné une leçon de stratégie militaire aux ennemis de la Nation!

    Bien sûr, tout n'est pas devenu rose au lendemain du 18 juin 1815. La Belgique, en particulier, jouera encore son rôle de terrain de jeu des grandes puissances à deux reprises. Les Prussiens devenus Allemands essayeront à ces mêmes deux reprises de nous refaire le coup de l'Europe "unie" de Brest à l'Oural après s'être arrêtés à Paris en 1870. Les Russes ne sont pas encore venus mais parfois on a l'impression qu'ils pourraient bien nous offrir du nouveau à l'ouest.

    Redevenons sérieux. À l'occasion de ce bicentenaire, la France s'illustre donc par deux attitudes aussi stupides que ridicules, un véto contre l'initiative belge de frapper une pièce commémorative de 2 euros, est-ce pour cela qu'ils ont tenu à battre nos footballeurs exilés millionnaires? et le boycott de la cérémonie. 

    Bref, va pour le débarquement, c'est sur nos plages même si on n'y était pas ou presque, mais là en Belgique venir célébrer l'anniversaire de la victoire de nos ennemis héréditaires sur "notre" Empereur à tous, faut pas pousser quand même!

    Finalement je le comprends notre François national. Tout d'abord, même si l'Empire a disparu, la France vit dans un Régime à elle, une République monarchique, qui n'a eu qu'à remplacer le manteau d'Hermine et d'Or de l'Empereur des Français par le "queue de pie" du Président de tous les Français! Ensuite, des victoires sur l'Anglais, on en a plein, tiens Bouvines, ça on commémore sans problème!

    Et puis le 18 juin, c'est déjà booké depuis 75 ans! De Gaulle a (peut-être volontairement) attendu le 18 juin pour lancer de Londres (même Napoléon n'avait pas réussi à y aller) son appel à la poursuite du combat contre le boche! Ta ta ta ta, les Français parlent aux Français (le reste...)

    Je suis certain qu'il a toujours évité de passer par Trafalgar Square et surtout par Waterloo Station!

    Donc M. Hollande il va certainement courir à Colombey, ou se contenter peut-être de l'Arc de triomphe, vous savez celui qui mentionne toutes les victoires de l'Empire ;) et là, entre nous, on va pouvoir parler de ce qu'on aime, la Résistance, la France debout, Leclerc, allez on est sympa, on vous laisse entre vous à Waterloo, notre presque victoire!


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