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La croix ou la cravache?
Par Nicolas-Dupont dans En vrac, réflexions, analyses, commentaires, etc. le 28 Novembre 2016 à 12:17On fêtera dans un peu plus d'un an, le cinquantenaire de mai 68. Imaginez que ce soit Fillon ou Le Pen qui soit à ce moment là, à la tête du pays! Comment a t-on pu en arriver là?
Mai 68 c'est une rupture à moitié manquée (ou à moitié réussie pour les optimistes). Avoir fait exploser le carcan d'une société étroite, étriquée, endormie pour la libérer et la dynamiser ne serait-ce que quelques années est certainement à mettre au crédit du mouvement étudiant de 1968. Ne pas avoir su ou pu (voulu, osé?) basculer sur un autre type de société en a tracé les limites puis en a causé l'échec final. Qu'en reste t-il aujourd'hui? Peut-être seulement une maigre vieille garde de sexagénaires et plus, non pas forcément militante mais attentive, attentive aussi à transmettre aux nouvelles générations l'espoir de Mai 68, une société ouverte, vivante, libérée.
Et voilà qu'après 2 expériences de présidence de gauche (en principe) où la déception finale est à la hauteur du contraste entre les espoirs soulevés et les renoncements constatés, les sondeurs annoncent que le second tour de 2017 se tiendra entre Fillon et Le Pen, soit entre une droite catholique militante et une extrême droite nostalgique d'une France blanche et chrétienne, on est bien parti, comment notre pays a t-il pu tomber si bas?
Si la gauche au pouvoir fait du libéralisme économique, c'est qu'elle pense qu'elle n'a pas d'autres choix. L'Europe est en effet engagée dans une démarche libérale elle même sous la conduite de l'Allemagne et de quelques autres Etats membres. Alors, cause ou conséquence? Est ce parce que Berlin pilote Bruxelles que la France doit suivre ou est ce parce que Paris déserte Bruxelles que Berlin peut commander? Poser la question est y répondre!
Bien sûr qu'il y a d'autres voies, y compris celle de donner la priorité à l'humain, au social, à l'éducation plutôt qu'aux bilans, aux réductions d’impôts et aux commandes militaires.
La gauche a quand même fait de grandes réformes pour moderniser la société? Voire! elle les a fait voter certes, mais sans convaincre une partie du pays qui n'y était pas encore prête. Et on en revient toujours à la même constatation. Tant qu'on aura pas changé de discours politiques et en particulier renoncer aux commémorations de victoires militaires, aux remises de décorations et aux défilés, bref tourner le dos à un passé terminé (même glorieux, il ne s'agit que de sang versé et de violences) pour expliquer notre futur. Notre futur, c'est bien sûr l'Europe, dont il faut réussir à changer le cours et stopper la dérive actuelle. Notre futur c'est une société forcément mixte, ouverte et donc il est tellement important de préparer, éduquer à la diversité, à la tolérance, à l'accueil. Notre futur c'est l'intelligence.
M. Fillon représente le retour à l'ordre moral! Imaginez la France de 2017 dans le modèle de société des années 50-60, celui-là même dont la génération d'après-guerre avait réussi difficilement à se débarrasser. Mais en plus la priorité à l'entreprise, aux hauts revenus. On est en pleine restauration de l'Ancien Régime, ceux qui "grâce à Dieu" étaient bien nés et donc bénéficiaient de privilèges interdits au commun des Français! Certainement la voie pour améliorer la situation des plus démunis!
Mme Le Pen et son parti de nostalgiques du 4ème Reich, je n'en parle même pas, c'est simplement ignoble et impossible que les Français tombent si bas!
Mais avouez qu'un second tour d'élections présidentielles françaises où le choix se fait entre la Croix des Cathos traditionalistes ou la cravache des Kapos, ôte toute possibilité d'évoquer la grandeur de la France et de se moquer des USA!
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