On ne peut évidemment pas établir une échelle du pire en matière de violence aveugle! Elle est tout aussi répugnante, condamnable et injustifiable qu'elle concerne une femme, un enfant, un homme, que ce soit pour des motifs privés, politiques ou religieux. Et comme l'ont dit certains chroniqueurs, les faits ignobles et choquants qui viennent de se dérouler à Paris et qui ont tué plusieurs journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo (ainsi que 2 policiers) se passent quotidiennement en Syrie, en Irak ou en Afghanistan.

Ceci dit, l'émotion est à la hauteur de l'acte et du symbole choisi. L'assassinat prémédité et froidement exécuté de plusieurs employés d'un journal satirique connu pour ses prises de position toujours en défense de la Liberté et toujours pour mettre à nu nos limites, notre passivité, notre acceptation en critiquant, dénonçant ou remettant en cause les dogmes de tout genre, les pouvoirs de l'argent, de la politique ou des religions.

Les assassins n'ont pas voulu tuer 12 personnes, ils ont voulu réduire au silence un journal intellectuellement indépendant (dernier refuge de l'esprit de mai 68), ils ont voulu intimider une profession, ils ont voulu réduire au silence le pire adversaire non pas de l’extrémisme islamique mais du formatage des esprits. Charly Hebdo, c'était un agitateur des consciences, un grain de sable qui vous poussait à réfléchir pour grandir et établir votre opinion par vous-même quand d'autres ont décidé que "réfléchir c'est commencer à désobéir" et que la Vérité révélée ne se remet pas en cause!

Un dessin pour grandir ou une kalachnikov pour se soumettre ou mourir, c'est ça le message d'hier!

L'émoi est grand dans les sphères politiques au point de décréter une journée de deuil national mais à chacun de faire (pour une fois) son auto-critique, combien de censures imposées au nom du politiquement correct (sur Gaza par exemple), combien de discussions oiseuses sur les limites de la Laïcité, sur le blasphème, sur tout et sur rien! Réveillez-vous, réveillons nous, chaque morceau de liberté qu'on se laisse grignoter rend plus fragile La Liberté et expose toujours davantage ceux qui restent debout et fidèles à eux-mêmes!

Une chose est sûre, Charly Hebdo n'est pas mort. Dès que le site sera à nouveau ouvert, je m'abonnerai et j'engage chacune et chacun d'entre vous à faire de même.