• Kobané, la guerre contre la barbarie, les bons et les méchants, etc...

    Depuis deux mois, Kobané, ville frontière entre la Syrie et la Turquie, est le théâtre de combats acharnés entre (selon les explications des médias occidentaux) une poignée de combattants kurdes mal armés et des terroristes de l'IS armés jusqu'aux dents. Jusqu'à présent, les Kurdes résistent, aidés depuis peu par les frappes aériennes de la coalition menée par les Etats Unis.

    Les Kurdes, vous savez c'est ce peuple martyr qui a le malheur d'avoir son territoire naturel, historique, traversé par les frontières d'au moins quatre pays (Iran, Irak, Turquie, Syrie) qui n'ont eu de cesse de les massacrer ou au mieux de brider leurs libertés et d'interdire leurs modes de vie.

    Leur situation s'est améliorée en Irak où suite à la guerre contre Saddam Hussein, les Etats Unis ont permis qu'ils disposent d'un territoire autonome. En Turquie, leur principale organisation politique est considérée comme terroriste (y compris par les USA) et plusieurs guerres ont régulièrement émaillé les relations tendues avec Ankara. En Syrie, ils participent à la guerre de libération du pays, en proie au chaos total depuis des mois.

    Donc, actuellement, il est facile de comprendre que les Turcs n'apprécient que moyennement l'aide militaire que les occidentaux apportent aux Kurdes, alors qu'ils souhaiteraient une attitude plus dure et déterminée des occidentaux contre Assad qui combat avec sa brutalité bien connue plusieurs guérillas simultanées dont des Kurdes et le fameux IS.

    l'IS (Islamic State) combat Assad en Syrie, les Kurdes à Kobané et dans le nord de l'Irak, les Irakiens dont ils occupent une grande partie du territoire et font l'objet de frappes aériennes américaines de plus en plus efficaces. Les USA détestent le régime de Assad, mais ne sont pas fâchés qu'il combatte l'IS, même si les principales victimes sont les civils de son propre peuple.

    Les Américains qui craignent toujours l'enlisement militaire arment et entrainent l'armée régulière irakienne et, nous l'avons vu plus haut, les combattants kurdes, ne veut pas entendre parler d'intervention terrestre. Un peu comme les Anglais l'ont fait pendant des siècles en Europe et ailleurs, ils cherchent ailleurs des forces capables de s'opposer, à leur place, à l'IS. La Turquie refuse jusqu'à présent, en grande partie pour ne pas se retrouver à combattre aux côtés des Kurdes, l'Iran se tâte et participe déjà à la lutte contre l'IS en fournissant des armes aux forces irakiennes, les Irakiens sont bien malgré eux en première ligne.

    D'ailleurs, est-ce que oui ou non la guerre est une stupidité absolue, si on pense que l'Iran et l'Irak qui se sont affrontés dans des guerres terrifiantes il y a relativement peu de temps, se retrouvent aujourd'hui quasiment à combattre ensemble contre d'autres musulmans?

    Vous allez me dire, aujourd'hui, c'est vraiment la civilisation contre la barbarie et il faut oublier le passé. Allez j'accepte mais dites moi dans quel camp (civilisation ou barbarie) vous rangez un pays qui pend, en 2014, une jeune femme parce qu'elle a tué son violeur?

    C'est probablement une stratégie des barbares de tous les temps, d'entrainer leurs ennemis à reculer leurs limites d'acceptation de la barbarie, soit en leur faisant changer leur propre comportement (tortures contre tortures, gaz contre gaz etc.) soit en acceptant comme alliés d'autres barbares, c'est alors beaucoup plus facile d'entrainer des esprits faibles à s'engager dans la lutte et surtout tout le centre de gravité des valeurs de la société se déplace pour de très longues périodes.

    Et qu'on ne parle pas de croisade, de lutte de société,  pour des valeurs humanistes, etc. On est certainement plus près de la vérité en pensant au pétrole, à la lutte d'influence russo-américaine, aux ventes d'armes.

    J'espère sincèrement que Kobané ne tombera pas et que l'IS finira par être anéanti. Ce ne sera hélas pas la fin de la violence, de l'obscurantisme et de la misère pour des millions de civils pris en orage quotidiennement. Pour cela, il faudrait que partout (dans chaque sphère religieuse, dans chaque camp politique, dans chaque continent) des hommes de bonne volonté se dressent pour changer le monde et ce n'est pas pour demain!


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