• Mélenchon et moi....

    Ce n'est pas toujours facile pour moi de clarifier ma propre analyse de la démarche de Jean Luc Mélenchon. Il y a d'abord tout ce qui me plaît dans l'homme, il est intelligent, habile débatteur, brillant et excellent tribun. Il y a ensuite ce qui me plaît dans la démarche entreprise, il entraîne, il ramène à l'engagement politique et/ou militant des milliers de personnes, il redonne de l'espoir et surtout il défend une approche intelligente de justice sociale et fiscale et promeut un comportement responsable vis-à-vis de notre mode de vivre, de manger, de produire et de consommer. Mais... Je ne partage pas du tout ce que je comprends et surtout ce que la grande majorité de ses supporters comprend de son attitude vis-à-vis de l'Europe et de la France en Europe. Oui, l'Europe actuelle, toute libérale est un échec social, elle se résume presque à un espace de 500 millions d'habitants livrés à la concurrence effrénée de multinationales et depuis une dizaine d'années à une politique de rigueur qui fait des ravages partout ou presque en Europe. En fait, elle n'a pas su franchir le cap d'un fédéralisme humaniste qui était pourtant à portée de mains dans les années 70-80 et maintenant tout en est fragilisé. Mais l'Europe c'est surtout ET avant tout la Paix. 70 ans de paix entre la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, jamais auparavant. Donc face à cette situation de fragilité et de contestation, ce n'est pas renier l'Europe qu'il faut faire, c'est avancer dans le sens de l'Histoire. Non pas en ajoutant des machins aux machins déjà existants comme veut le faire Macron, mais en proposant aux pays qui le souhaitent de se fédérer dans une construction démocratique (toute à inventer), pacifique, sociale et humaniste qui tournerait le dos à cette société ultralibérale qui n'est rien d'autre qu'une jungle sans pitié et irresponsable vis-à-vis de la Planète. La Constituante vertueuse dont parle Mélenchon, oui mais pour une Europe reconstruite, pas pour une France isolée. Parce que oui, décidément, brandir en 2017 la souveraineté nationale comme un étendard mobilisateur, là je ne suis pas. La France (5 ou 6ème) puissance mondiale est un nain, un village dans le monde actuel. À nouveau,ce ne peut être qu'une union politique de pays européens qui puisse espérer se faire entendre et se rendre capable d'influencer le monde actuel. De la souveraineté française à la Catalogne, il n'y a que les Pyrénées et encore existent-ils toujours? Une partie de la Catalogne souhaite quitter l'Espagne. Est-ce un crime? On ne peut pas d'un côté défendre l'action et l'engagement de la Rue à Paris et le rejeter à Barcelone. Certes le contexte est différent mais à nouveau nous sommes en 2017. Qui a le droit de dire aux Catalans qu'ils doivent être Espagnols parce que c'est comme ça et puis c'est tout! L'empire Romain a duré 1000 ans, les Pharaons, plusieurs milliers, d'autres empires aussi qui se sont cru éternels se sont écroulés, tout évolue et c'est bien naturel. Or l'ordre européen actuel, à quelques soubresauts près a environ un millénaire. Qu'est ce qui donne le droit à certains d'en faire un dogme intouchable? Je ne comprends pas. Et si la violence se déchaîne à Barcelone, ce que je ne souhaite pas du tout, est-ce que le flic espagnol qui va tabasser un jeune indépendantiste sera plus légitime que le flic français qui tabassait au printemps tous les gamins qui manifestaient contre la loi El Khomri? Est-ce que dans le respect des situations particulières, notre solidarité ne devrait pas aller avant tout au manifestant désarmé à Barcelone comme à Gaza comme à Caracas? Je vous rassure, le Vénézuela n'est pas vraiment un sujet de discorde pour moi car j'ai compris que la situation est très complexe et beaucoup moins limpide que ce que nos media (la plupart en tout cas) s'escriment à nous faire croire. Je suis aussi très sensible à l'approche pacifique et diplomatique de JLM, même si discuter avec Assad, Erdogan ou même Poutine semblent assez peu productif. Alors, j'en suis où finalement? Et bien voilà, sans langue de bois. Je continuerai à soutenir l'action de LFI en ce qu'elle est la seule force agissante aux côtés des plus démunis, qu'elle représente le seul signal d'alarme visible et audible contre tout ce que prépare notre gouvernement en matière de dérégulation du marché du travail, d'injustices fiscales (voir la suppression de l'ISF) et de bradage des acquis sociaux et salariaux et parce que seule sa capacité de mobilisation peut constituer un frein aux intentions ultralibérales et sécuritaires de Macron et de sa clique. Je suis en effet persuadé qu'il faut (de toute urgence) redistribuer autrement, imposer des salaires maximum, établir un impôt juste, proportionné, renforcer la lutte contre l'évasion fiscale et punir sévèrement (jusqu'à la nationalisation) les entreprises qui trichent voire pire comme Lafarge). Mais je souhaite que la position sur l'Europe se clarifie et évolue. Le programme "L'Avenir en commun" devrait devenir une charte, une plateforme politique européenne à proposer aux forces qui progressent (;-)) en Italie, en Espagne, en Belgique et qui probablement seraient assez facilement convaincues de son intérêt. La responsabilité d'un leader politique aussi en vue que JLM, n'est pas de caresser ses supporters dans le sens du poil (laissons ça aux politiciens qui guident leur action aux sondages) mais de les préparer, de les faire évoluer sur les thèmes importants pour qu'ils s'en saisissent et deviennent à leur tour des ambassadeurs convaincus. Donc, Jean Luc, abandonne cette posture soi-disant gaullienne en faveur d'une souveraineté nationale qu'il serait possible de restaurer comme au temps de l'empire colonial et entraîne La France Insoumise sur la voie d'une exigence européenne radicalement différente et novatrice. Projette l'Avenir en commun dans un espace rénové de coopération européenne. Hier, le débat avec Edouard Philippe ne m'a pas déçu, il était peut-être un peu trop attendu (et d'ailleurs davantage dans l'esprit d'un show que d'une confrontation d'idées) et bien trop court, Le débat qui a suivi a largement démonté que l'âge produit ses ravages aussi sur les vedettes historiques de la scène politique, notamment Cohn Bendit qui est tellement anti Mélenchon qu'il se retrouve à défendre Macron. Mais j'en retiens une phrase de Frédéric Mitterrand (que par ailleurs je n'aime pas beaucoup). Il a dit "face à une difficulté, il faut la surmonter pas reculer!", il parlait de l'Europe et je trouve que c'est cela qui devrait sous-tendre l'action de LFI et de JLM sur ce sujet.


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