• Matteo Renzi ou la real politik à l'italienne!

     Matteo Renzi,

     nouveau secrétaire du Parti Démocrate italien.

     

     

     

     

    Matteo Renzi est le tout nouveau secrétaire du Parti Démocrate italien, élu par des primaires auxquelles ont participé près de trois millions de citoyens transalpins. Son style et son discours sont assez critiqués comme populistes de gauche et les plus méchants le comparent même à Berlusconi dont ils en font une sorte d'héritier politico-médiatique....

    L'objectif de Renzi est-il vraiment de sortir le pays de sa situation économique et sociale désastreuse et de donner enfin des réponses aux millions d'Italiens sans travail ou en situation de pauvreté ou bien n'a t-il que des ambitions personnelles? l'avenir apportera la réponse.

    En attendant, la stratégie est claire contraster la lenteur voir l'immobilisme du gouvernement et d'une classe politique engluée dans les scandales, la corruption, le multipartisme et démontrer que "si può fare!" (équivalent italien du Yes we can).

    Première cible et pour le moment premier succès encaissé avec la réforme de la Loi électorale. Depuis des années, l'Italie bénéficie d'une Loi électorale étonnante pour nous Français et sans doute assez loin des critères classiques de la démocratie occidentale... Cette Législation contribue non seulement à l'instabilité politique mais à de nombreuses dérives (achat de votes, parlementaires "clients") qui ont largement écarté les Italiens d'une classe politique qu'ils considèrent comme une "caste" corrompue et éloignée de leurs préoccupations quotidiennes.

    La Cour constitutionnelle vient de la condamner et depuis plusieurs années, tout le monde sait qu'il faudra la changer mais personne n'en a le courage ni la capacité politique. En un mois Renzi vient de dégager la voie à l'adoption d'un nouveau système. Miracle à l'italienne? oui et non!

    Renzi, leader d'un parti de gauche qui a fait de l'éthique un cheval de bataille, même lorqu'il a accepté de former un gouvernement avec Berlusconi, a traité directement avec ce dernier, pourtant aujourd'hui condamné pour fraude fiscale et récemment déchu de sa position de sénateur pour cette même condamnation. Certains dans son parti ont frémi d'indignation, et je les comprends, mais pouvait-il faire autrement?

    Forza Italia, le mouvement de Berlusconi, autre bizarerie italienne, représente encore dans le sondages, la deuxième force politique du pays, c'est à dire qu'aucun accord ne peut se faire sans le soutien de ce parti. Mais parti est un mot étrange puisque tout est à et de Berlusconi.

    Comment passer cet obstacle?

    Renzi a choisi, il a négocié avec le diable et lui a d'ailleurs fait quelques concessions notoires pour obtenir son soutien au projet. Résultat? la voie est libre pour doter l'Italie d'un système électoral permettant à la majorité qui sortira des urnes de gouverner (ce qui est loin d'être une habitude là-bas).

    Le prix à payer? Une grogne certaine au sein du parti, une incompréhension d'une bonne partie des militants et des sympathisants, une attaque en règle (mais même sans faire cela, il en est la cible) du mouvement 5stelle, sorte de "non parti" qui a obtenu 20% des voix et qui refuse toute alliance.

    Mais Renzi a réussi à sortir et à débloquer un dossier difficile enlisé depuis des lustres dans l'incompétence politique italienne et c'est probablement cela qui restera surtout si son parti en tire dans quelques mois la victoire qui lui a échappé en 2013.

    Mon analyse: Renzi a certainement commis une faute politique en négociant avec un homme politique condamné et discrédité par tant de scandales.

    Mais cette faute était tout simplement inévitable, comme en foot lorsque le défenseur commet une "bonne" faute pour éviter un but) pour arriver à l'objectif. Ce faisant, il a renforcé mes réserves sur l'homme, sur la profondeur de ses convictions de gauche et donc sur sa capacité à rendre aux citoyens italiens le minimum de justice sociale et d'équité qu'ils n'ont plus depuis longtemps. 


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