• Le 9 mai, la St Schuman, la fête de l'Europe!

    Aujourd'hui certains d'entre vous ont célébré, conscients ou non, la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, le 8 mai 1945.

    Demain, peu d'entre vous réaliseront que le 9 mai représente justement l'anti 8mai, à savoir au lieu de la célébration d'une victoire militaire à laquelle d'ailleurs nous (les Français) devons assez peu et donc aussi du sacrifice de dizaines de millions de vies, la célébration d'une vision et de l'espoir d'un futur enfin débarrassé de la barbarie et de la guerre entre pays européens.

    Le 9 mai, Robert Schuman prononçait sa fameuse déclaration qui ouvre la voie à la création de la CECA et finalement de la Communauté européenne, ancêtre de notre Union actuelle.

    Qui peut savoir ce que penseraient aujourd'hui Schuman et Monnet de ce qu'est devenu leur "bébé"?

    Probablement ils en déploreraient l'éloignement des citoyens, la rigidité procédurale, la frilosité.

    Probablement, eux qui rêvaient d'une évolution fédérale, des Etats-Unis d'Europe, seraient déçus, scandalisés peut-être de voir que 60 ans plus tard, malgré une monnaie unique, nous ne sommes guère plus qu'une association d'Etats nations.

    Assurément, ils seraient en campagne pour ces élections européennes, pour rappeler aux européens, d'où ils viennent, une guerre tous les 40 ans, l'Europe dévastée, ruinée, des pertes civiles colossales, une place politique mondiale réduite à chaque conflit même pour le "vainqueur".

    Je suis persuadé qu'ils ne comprendraient même pas que la France, le moteur de l'Europe pendant des décennies, s'apprête à envoyer au Parlement européen, un contingent de députes nationalistes anti-européens.

    Un jour, Jean Monnet a dit en constatant (déjà) les difficultés de la construction européenne: "Si c'était à refaire, je commencerais par la Culture!" Là encore quelle vision! quelle analyse!

    Dans cette démarche quasi révolutionnaire de demander à des grands pays, riches d'une Histoire et d'une Culture millénaires, de s'unir et de renoncer à leur souveraineté au profit d'une collégialité et d'une communautarité toute à créer, on a oublié les gens, on a oublié de nouer les liens entre les individus, de faire tomber des siècles d'antagonisme, de préjugés, de rivalités, de haine parfois! Pire on en a parfois usé et abusé et aujourd'hui on s'étonne du rejet et du désintérêt!

    Pourtant, je vous en conjure, le 25 mai, votez et votez pour le futur de vos enfants, pas pour envoyer un nième message de mauvaise humeur à M. Hollande ou à Mme Merkel qui de toute façon, n'en tiendront pas compte. Eux passeront, mais l'Union a encore beaucoup à faire pour ressembler au rêve de Monnet et de Schuman!


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  • Georges et Chantal ont acheté récemment une maison dans la banlieue de la jolie ville de Caen. Après quelques semaines, ils ont fait progressivement connaissance de leurs voisins. Parmi ceux-ci, une vieille dame, ayant toujours habité le quartier, leur a expliqué que toute la zone avait été pratiquement rasée par les bombardements et les combats de la seconde guerre mondiale dans les semaines qui avaient suivi le débarquement.

    Dans ces confidences, la vieille dame leur a également expliqué que leur "nouvelle" maison avait été reconstruite en 1955 sur les ruines d'une ancienne maison de maître qui avait été le théâtre d'un drame le 25 juin 1944.

    En effet, des soldats canadiens s'étaient regroupés dans le sous-sol de ce qui restait de l'édifice, pour se mettre à l'abri des tirs nourris de plusieurs chars allemands. Malheureusement pour eux, à midi précis, d'après les paroles de la voisine, un obus de panzer avait complètement pulvérisé leur refuge, tuant sur place les 8 jeunes Canadiens.

    Georges qui est passionné par l'Histoire est resté longemps frappé par ce récit. Il est, c'est vrai, toujours poignant, même longtemps après, de se retrouver confronté à la violence, à la mort, au sacrifice de vies humaines soit à travers un lieu, un texte ou une photo qui vous en rend témoins involontaires. Il a compris alors que sa relation personnelle avec sa nouvelle demeure ne sera jamais plus la même.

    On est en juin, justement.

    Le 25 juin au matin, Georges descend dans la chaufferie pour y chercher quelques outils dont il a besoin pour un petit moment de bricolage. Le temps de prendre la caisse à outils, de l'ouvrir et de commencer sa recherche de la bonne clé et du bon tournevis, Georges prend conscience des rumeurs d'une conversation. La maison est isolée, sans mitoyenneté, les voix ne semblent pas venir de dehors mais..., il en reste complètement interloqué, de dessous la maison!

    Il repose l'outil qu'il a dans la main et cherche à isoler la source de ces éclats de voix. Il s'approche ainsi d'un endroit de la pièce où les tuyauteries de l'installation de géothermie qui faisait la fierté des propriétaires précédents, plongent vers les profondeurs de la Terre.

    Même s'il refuse encore de l'accepter, Georges doit bien se rendre à l'évidence, des voix sortent assez distinctement de dessous le sol de la chaufferie.

    Tremblant presque, Georges s'accroupit et s'efforce de se concentrer. Peu à peu, il commence à saisir des mots, des gens s'apostrophent en criant presque. Georges perçoit une atmosphère angoissée, la peur suinte de ces exclamations. 

    - On va tous crever, on va y rester les gars, il faut sortir d'ici et vite!

    - T'es dingue Tim, on fera pas 10 m dehors avec les boches!

    Là, le sang de Georges se glace tout à fait, "les boches"? Il réalise alors que les paroles révèlent un accent fort, bien connu des Français, l'accent canadien. Tout son cerveau cherche à expliquer l'inexplicable, d'en dessous de sa maison, sortent des voix qui parlent, avec l'accent canadien, d'un combat contre des Allemands? D'explication, il n'y en a qu'une mais elle est impossible à accepter, à concevoir même! Pourtant Georges s'allonge, colle son oreille au tuyau et cherche à saisir d'éventuelles nouvelles paroles.

    Soudain, une nouvelle coulée de sueur froide, Georges vient de se rappeler la date du jour, le 25 juin!, Il lève son bras gauche devant ses yeux, midi - 5! Pas une seconde à perdre. Même s'il a conscience d'être ridicule, Georges se positionne au plus près et hurle:

    - Sortez tous, vite! Dehors, la maison va sauter!!"

    Après quelques secondes, il se relève et fait un bond de surprise lorsque la voix de sa femme dans son dos le ramène brutalement au présent.

    - À quoi tu joues, tu es fou ou quoi? Tu m'as fait une de ces peurs!

    Georges bredouille une excuse aussi invraisemblable qu'inutile, sa femme ayant déjà quitté la pièce! Il envisage de la rejoindre pour tout lui raconter mais il y renonce bien vite. Il retourne vers le tuyau mais plus rien ne se passe!

    Georges est retourné plusieurs fois dans la chaufferie mais l'étrange phénomène ne s'est jamais reproduit. Il a fini, sinon par l'oublier, du moins par le reléguer dans un coin de sa mémoire et les mois ont passé.

    Un soir, on frappe à sa porte. Georges est d'un tempérament un peu méfiant, on est en hiver, il fait sombre, la tempête fait rage et n'incite guère à ouvrir sa porte à un inconnu. Pourtant Georges se lève de son fauteuil et commence à tourner la clé de la porte d'entrée.

    Il a devant lui, un homme d'un certain âge, grand, les épaules larges, un visage sympathique, un regard franc. Georges manque de tomber à la renverse quand, à sa question sur l'objet de sa visite, l'homme, avec un fort accent canadien, lui répond d'une voix calme mais pleine d'émotion.

    - Excusez moi de vous déranger, Monsieur, mais je n'ai pas pu résister. Je m'appelle Charpentier, vous savez, je me suis battu dans cette ville en 1944 et dans cette maison même, en tout cas ici, je veux dire (de sa main, il montrait le sous-sol), j'ai échappé à la mort mais j'ai perdu tous mes camarades.

    Georges, le fait entrer sans dire un mot. Il le guide vers le salon, lui propose un verre. L'alcool réchauffe le vieil homme qui commence à se confier.

    - Vous ne pouvez pas savoir ce que je ressens d'être ici. Bien sûr, ce n'est plus la même maison, d'ailleurs en 44, il n'y avait plus de maison, seulement la cave. Nous nous y étions réfugiés parce les Panzers nous canardaient quasiment à bout portant. On pensait être en sécurité jusqu'à ce que les renforts arrivent. Je me souviens toujours de ce bruit assourdissant des explosions, de la chaleur. On s'était entrainé pendant des années mais là, croyez-moi, c'était tout simplement l'enfer. Après une vingtaine de minutes qu'on était dans ce trou, je me souviens parfaitement que c'était juste avant midi, j'ai eu une intuition, j'ai littéralement entendu une voix qui me criait de sortir. J'ai essayé d'entrainer mes camarades, mais personne ne m'a suivi. À peine j'avais réussi à me cacher un peu plus loin, j'ai entendu l'explosion, aucun survivant! c'est terrible n'est-ce pas. Je me suis toujours demandé pourquoi moi? Pourquoi j'ai eu cette idée de sortir.

    L'homme resta un instant perdu dans ses souvenirs, son émotion, son chagrin. Puis soudain, il se leva et se dirigea vers la porte. Georges se leva pour l'accompagner.

    L'homme le salua et s'apprétait à repartir dans la nuit froide et tempétueuse quand Georges l'interpella à nouveau:

    - Tim, je suis heureux d'avoir fait votre connaissance, s'il vous plaît, revenez quand vous voudrez, considérez que cette maison est aussi un peu chez vous!

    L'homme sourit, remercia et tourna le dos pour s'enfoncer et disparaitre dans l'obscurité.

    Quelques instants plus tard, on sonna à nouveau. Georges ouvrit, le vieil homme pleurait doucement:

    - Vous m'avez appelé Tim, comment pouvez vous connaître le diminutif que mes camarades de la section m'avaient donné? C'est vous n'est-ce pas! C'est vous qui m'avez crié de sortir de la cave!, J'en suis convaincu même si cela parait impossible! Merci Georges, merci! Mais qu'est-ce que je m'en veux depuis 70 ans de ne pas avoir réussi à convaincre les autres.

    L'homme tourna définitivement le dos et disparut, comme vouté par le poids de sa tristesse et de ses remords.

    Georges rentra complètement bouleversé. Il descendit au sous sol et resta plus d'une heure dans la chaufferie à pleurer lui aussi sans vraiment savoir si c'était de peur, de joie ou de regret de ne pas avoir sauvé les 7 autres jeunes Canadiens.


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  • On se rappelle tous de cette phrase de Coluche, tirée d'un de ses sketchs, après une nouvelle bavure policière dans les années 80-90.

    L'Italie est secouée actuellement par les suites de plusieurs évènements violents ayant impliqué la police.

    Dans le cadre du G8 de Gênes (2001), une charge de police particulièrement violente video dans une école où campait une centaine de militants du Forum social suivait de quelques jours la mort par balle du jeune Cralo Giuliani video 2.

    L'assassinat par coups de Riccardo Rasman, chez lui (dans son lit) après avoit été menotté et entravé aux chevilles (27 octobre 2006).

    Dans des conditions très similaires, l'assassinat de Stefano Aldrovandi le 6 juillet 2009.

    Puis il y a eu la mort de Stefano Cucchi, laissé sans soin dans les locaux de la police, son corps (37kg) portant de nombreuses traces de coups et de multiples fractures (22 octobre 2009).

    Ce sont bien les différentes étapes des parcours judiciaires de ces dossiers qui agitent régulièrement les consciences et les "bonnes consciences".

    Je dois dire qu'en visionnant les deux vidéos, j'ai ressenti un choc. Sommes nous en Italie au 21ème siècle ou à Paris en 1968 ou pire encore au Chili ou en Argentine des années de dictature et de non-droit?

    Et comme on est en Italie, il ne faut guère compter sur les télévisions pour avoir une analyse équilibrée et détaillée de tels évènements.

    Autre élément troublant, aucun Ministre n'a démissionné, peu de condamnations et toujours légères par rapport à la gravité de faits tout simplement inexcusables et injustifiables. La Loi est égale pour tous, proclament les Palais de Justice italiens. Mais dans ces cas de brutalités policières ayant entrainé la mort, il y a lieu d'en douter fortement!

    Comme le relevait un journaliste cette semaine, certes la police est un corps décrié, mal payé, mal aimé, dont les fonctionnaires sont exposés, y compris physiquement tous les jours. Mais est-ce que cela les autorise à massacrer des gens sans défense? Comment peut-on parler d'Etat de droit quand le corps chargé de faire respecter ce droit, se comporte en tortionnaire ou en assassin?

     


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